Je voudrais rebondir sur ce point :
Mais je dois vous faire une confidence : en tant que débutant, quand je me cale sur le métronome, je suis scolaire. Je m'ennuie, je ne m'exprime pas.
C'est bien la le coeur du problème. L'utilisation du métronome ne doit pas empêcher la musicalité de s'exprimer.
Perso, je suis un fana du métronome. Je travaille souvent avec (au moins autant que sans lui). Et cela aussi bien pour le uke que pour le piano alors que je suis pianiste professionnel depuis pas mal de temps.
En fait cela rejoint un débat plus vaste : l'opposition technique/musicalité. Cette opposition, bien présente dans l'enseignement de la musique depuis longtemps (on la retrouve dans quasi toutes les méthodes pour débutant - enfin, je parle du piano par ce que pour le uke je ne connais pas bien les méthodes) est totalement absurde. La technique n'est qu'un outil au service de la musique. La technique permet de faire de la musique, "être musicale" c'est une technique, un savoir faire. Au risque de choquer, je dirais même que la technique c'est la musique,ou que la musique, c'est la technique.
Plus on va opposer et séparer la technique de la musique, plus on va creuser le problème et l'aggraver.
On parlait dans un autre poste des gammes : beaucoup de monde crie "Beurk des gammes jamais de la vie". Mais jouer une gamme, en s'efforçant d'avoir le plaisir de l'écoute du son, de la régularité, de la conduite de cette gamme comme une phrase musicale, de la texture même du son, pour moi c'est un plaisir immense. Je reconnais que c'est un travail ardu. Je fais du piano depuis environ 30 ans, et j'ai compris cela il y a environ 10 ans... Quand j'étais petit, jouer des gammes au métronome c'était une vraie gageure... Je le faisais par ce que sinon je me faisais engueuler par mes profs. Mais maintenant, je le fais tellement avec plaisir que je joue mes 24 gammes (quasi) tous les jours. Ca me prends 30 minutes, et je peux vous dire que mes doigts sont toujours opérationnels et bien reveillés. Parfois même, je ne fais que ça quand le planning est chargé et que je n'ai pas le temps de travailler mon répertoire. Cela me parait plus utile de travailler mes gammes que le répertoire que je dois jouer même en concert.
Pour le travail avec métronome ça doit être pareil. Le danger du métronome c'est que la pulsation devienne l'élément ultime, le but absolu en perdant toute notion de carrure.
C'est souvent ça le problème en musique quand on décide de travailler bille en tête un seul élément : on tombe dans ce qu'on appelle en pédagogie le problème de "l'élémentarisation". Comme si le fait de travailler une difficulté allait résoudre tous les problèmes. Il faut toujours avoir en tête quand on travaille qu'il y a plusieurs "ficelles" : la ficelle "pulsation", la ficelle "harmonie", la ficelle "sonorité" et que sais-je encore ...(mais il y a plein plein de ficelles). Travailler un élément ou tirer sur une ficelle précise, ne dois surtout pas faire couper les autres ficelles. Sinon, on crée un autre problème ailleurs...
Dans le cas du travail de la pulsation, si on ne se concentre que sur elle, le jeu peut devenir plat, voir haché même, par ce qu'on perd de vu qu'il y a aussi la ficelle "carrure ou phrase" qui est intimement liée à la pulsation. Du coup le travail n'est pas super efficace...