K i l i e,
Finalement, sur les 20 minutes, si l'on devait les répartir entre "on peut pratiquer / beaucoup de chant / écouter de la musique et en parler", ça ferait quelque chose comme 5 minutes de ukulélé, au mieux, par leçon. J'espère que les parents ont les moyens parce qu'à ce train-là, ça risque de durer quelques années.
Absolument pas.
Désolé de te dire cela mais je trouve que tu envisages les choses uniquement par le prisme de tes préjugés.
En quoi la pratique du chant impose de mettre l'ukulélé au placard?
En quoi écouter de la musique impose de ne pas toucher l'ukulélé en même temps?
Par ailleurs, comme tu veux être précise, j'ai parlé de 30 minutes, et entre parenthèse 20 minutes. Ce qui veut dire que je pense que 30 minutes c'est mieux que 20. Mais pour avoir déjà eu pas mal d'enfants de cet âge la dans mes effectifs, je sais d'expérience que parfois 30 minutes sont trop difficiles à tenir pour certains jeunes enfants. Je trouve d'ailleurs que c'est de plus en plus le cas de nos jours...
Je pense qu'il n'y a pas de recette miracle : il peut y avoir des cours entiers consacrés à la pratique instrumentale évidemment. Dans ce cas, je pense qu'il vaut mieux varier les dispositifs assez fréquemment pour capter l'attention de l'enfant. (différents morceaux, des moments de création, des moments d'impro, des moments de repiquage, etc).
Et non je ne propose pas la même approche que toi R i C o O ; tu peux relire. Bref, ta méthode me parait frustrante, très peu adaptée à un enfant de cet âge. Et quand on commence par ne pas lui demander ce qu'il veut, ça m'interpelle. À ce stade, sur ce point précis, c'est mon avis.
J'ai relu, et si je persiste, ce qu'on propose n'est pas tellement différent, du moins en terme d'activités possibles, de choses à faire.
La différence c'est que toi tu parles de "demander à l'enfant ce qu'il veut" et moi pas. Je pense d'ailleurs que c'est le coeur du débat qui se joue ici et qui a l'air de te mettre en rogne. Par ce qu'effectivement, nous ne sommes pas d'accord sur ce point, enfin, pas totalement. Je vais essayer de m'expliquer.
Je ne veux surtout pas dire qu'il ne faut pas être à l'écoute du projet de l'élève, loin de la, même bien au contraire.
Je pense en revanche qu'il faut avoir une certaine forme de courage pour être à la hauteur de permettre à l'élève de pouvoir réaliser son projet.
En d'autre terme, si le projet de cet enfant c'est de "jouer de l'ukulélé", il faut lui permettre de pouvoir réaliser ce projet. Le rôle de l'enseignant sera alors de mettre au point une méthodologie, un parcours avec des étapes, de prévoir des obstacles à surmonter, des problèmes à résoudre, des bilans à faire, des moments d'évaluation pour faire le point et tout cela sur du très long terme.
Et je pense que pour réaliser ce projet, il faut rester ouvert à faire un certain nombre de choses qui ne sont pas "jouer de l'ukulélé" mais qui vont aider à le faire, par exemple la pratique du chant entre autre chose.
On est ici au coeur d'un débat important : le professeur d'instrument ne doit-il pas avant toute chose être d'abord un professeur de musique. Je ne résiste pas à coller ici cette citation de Neuhaus (in
L'Art du piano) concernant la pédagogie du piano :
« Un professeur très connu avait coutume de dire avec une modestie empreinte de fierté et le désir évident d’ériger ces paroles en thèse : « Je n’enseigne pas la musique, j’enseigne le piano ». Rien de plus entaché d’erreur que cette affirmation, à mon sens. Même s’il s’agit de la grosse caisse, le professeur doit penser à la musique autant qu’à l’instrument. (...) Si un maître et un élève s’assignent pour unique objet d’étudier le piano et non la musique, ils devraient tous les deux prendre ailleurs des leçons de musique. » Je me place évidemment dans ce genre de pensée. Je pense que dans le cadre d'un cours d'instrument, justement pour apprendre à bien jouer de son instrument et pour répondre au souhait le plus cher de l'élève, il y a beaucoup d'autres choses à faire que de jouer de l'instrument. J'ai parlé de chant et d'écoute, on pourrait parler également de théorie, de technique, de lecture, d'impro, de création, de repiquage, de culture, de pratique collective, et que sais-je encore. (évidemment pas forcement tout en même temps, et je ne parle ici de ce qu'on doit faire avec un enfant de 5 ans).
Par ailleurs, je me demande si, concernant ta réponse, tu n'aurais pas droit à ceci ? Si oui, félicitations, R i C o O.
Quand à cela Kilie, est-ce vraiment nécessaire ? Quand je dis que tu es blessante et vexante, on est en plein dedans.
Je me garde bien quand à moi de te donner un bon ou mauvais point. J'ai toujours préféré la pédagogie aux techniques de dressage.