alors je vois un grand feu dans la nuit, en plein désert, le gars, le visage buriné, crasseux, l'œil sombre, fatigué, et il gratte son instrument, d'une désinvolture un peu frénétique, tout ça est étrange... elle, ébouriffée, les épaules nues, un peu hallucinée, fait voler sa jupe en tournoyant autour du feu, soufflant dans le biniou, entre deux hippiayèh, on voit ses jambes, et les flammes dansent en ombres et lumières sur sa peau pâle...
alors oui, y a quelques faussetés, des notes non tenues, mais pas de celles qui me font dire "Aïe, j'ai mal, stop", pas du tout, ça passe, on met ça sur le compte de la fatigue de cette nuit blanche, et puis on le serait aussi, déconcentré, à regarder cette fille danser... la fille, sa folie, ses dérapages font partie du truc, j'entends pas de fausseté, j'entends une voix au bord de la rupture, mélange de joie et de possession, pour moi tout reste musical et même plus, évocateur... réécouté une 2ème fois, et ça m'a encore embarqué...