Une autre très jolie chanson d'Angelo Branduardi, qui a un peu hanté ma jeunesse, c'est "La demoiselle" (pièce jointe).
Comme tous les poètes, Angelo s'exprime par allégories, et on ne sait pas très bien ce qu'est cette "demoiselle". Quand j'étais jeune, j'ai cru qu'il s'agissait de la belle libellule bleue du même nom, mais celle-ci croise en volant au-dessus des ruisseaux, se pose par ci par là, mais ne marche pas sur l'eau. Un autre insecte qui a la grâce d'une demoiselle et qui, lui, marche sur l'eau, est le gerris. Ça pourrait coller, quand on sait qu'il peut accidentellement piquer et que ça fait mal. Le jeune homme à qui le poète s'adresse, atteint d'une certaine mélancolie, pourrait bien avoir attrapé une maladie suite à ces piqûres, d'où la traduction poétique de son état vers une sorte de maladie de langueur.
Tout ça se corse quand on sait que la version originale italienne a comme titre "La pulce d'acqua" (la puce d'eau), qui est une sorte de petit crustacé d'eau douce, et que dans cette version, il est également question de "la mosca d'autunno" - la mouche d'automne - qu'il a écrasée, ainsi que d'une vipère qui aurait subi le même sort. En fait, le jeune homme de la version italienne semblerait plutôt, comme Narcisse, s'être un peu trop penché vers son reflet dans l'eau, et y aurait perdu son ombre, à titre de punition pour avoir tué une mouche et un serpent. Un peu d'espoir cependant : peut-être la pulce d'acqua lui rendra-t-elle son ombre s'il chante une longue chanson pour se faire pardonner.
On pourrait bien faire de cette chanson une explication de texte pour nos adolescents à la recherche de leur identité, elle le mérite amplement, aussi bien dans sa version italienne que française.
Le ukulele mène à tout, même à la culture.
Quoi qu'il en soit, cette chanson, du fait de son caractère répétitif, peut très bien (et doit) être raccourcie pour ne pas devenir monotone. Seul Angelo, avec ses grandes envolées instrumentales, peut se permettre de la chanter in extenso.
Voici donc en pièce jointe la tablature / texte ; je pense quant à moi que le D, là aussi, devrait plutôt être un Dm.