Ukulélogie générale > Discussions autour de l'ukulélé

Qu'est ce qui vous a motivé à apprendre le ukulélé?

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Marianne:
J'ai découvert ce fil hier, c'est fou comme les chemins qui mènent au uké peuvent être variés.  :)

Pardon d'avance pour la longueur de mon témoignage. :green: C'est que le divan est effectivement confortable.
Il faudra me dire combien je dois, et si c'est possible par CB. Je n'ai jamais de liquide et le chéquier est quelque part je ne sais où.


A 6 ans, je commence le piano surtout pour faire comme les copines. Je me prends au jeu malgré une enseignante ni très moderne ni très fun. A la fin de la deuxième année, je bosse comme une folle pour le spectacle de fin d'année un morceau intitulé "Les grenouilles". Tempo ultra rapide et entrainant que j'adore et dont je suis toute fière. Je vois des petites grenouilles sauter partout quand je joue. J'ai envie que les gens qui vont m'écouter voient aussi ces petites grenouilles sauter sur la scène.

Répétition quelques heures avant le spectacle. Et là, le drame... Le piano à queue installé sur la scène est neuf, d’après ma prof. Ses touches sont trop difficiles à jouer pour mes petits doigts de gamine. Impossible de garder ce tempo qui me plaît tellement et qui donne son charme et son intérêt au morceau.
Ma prof me dit alors de ralentir (beaucoup) le tempo. Ben oui... Mais mes petites grenouilles sont désormais mollassonnes, à la limite de l'inertie, c'est nul et ça n'a plus d'intérêt à mes yeux. Je ne dis rien et je joue quand même le soir, en gardant mon sentiment de honte et de profonde déception pour moi.

On me demande si je veux continuer l'année suivante. Ben non... A quoi bon ? Personne n'insiste, personne ne me demande pourquoi. Personne, et surtout pas ma prof ( :bouh:), n'a cherché à comprendre ni à me faire comprendre. Je me détourne de l’apprentissage de la musique (gros traumatisme quand même, sans rire, ça fait du bien de poser ma valise ici.)

Au collège, j’ai dû aborder comme beaucoup d’élèves la traditionnelle flûte à bec. L’instrument me plaît par sa simplicité. Je suis en 6ème, mais comme j’ai un bon niveau, ma prof accepte que je participe à un atelier réservé aux élèves de 3ème. Je m’amuse à jouer des morceaux « difficiles » et à les répéter chez moi avec une K7 audio que ma prof m’a donnée. Je suis fière de les jouer avec des élèves plus âgés. Et je me débrouille pas mal du tout.
Mais ce qui est pour moi de l’ordre de l’amusement et du récréatif ne se concrétise pas en une étude plus « sérieuse » de l’instrument et de la musique. Ce n’est pas concevable, le spectre du piano est bien trop présent. Je me suis convaincue que je suis nulle en musique. Ça doit rester rigolo car un nouvel échec n’est pas envisageable. En classe de 5ème, je change de collège, plus de flûte, je la remise dans un tiroir avec la K7. Je les ai gardées pendant 20 ans au moins.

Les années se succèdent. La musique n’est désormais plus que dans mes écouteurs ou dans des concerts. Aucun instrument ne passe par mes mains. J’y pense parfois mais je minimise au mieux ma frustration. A mes yeux, je n’ai aucune légitimité à vouloir ne serait-ce que tenter d’aborder un éventuel apprentissage.

A 31 ans, nouveau revirement. Je veux apprendre la guitare. Ça m’a pris comme ça et je suis incapable de me souvenir comment et pourquoi l’idée m’est venue. Je peux seulement dire où elle m’est venue, sur mon lieu de travail, une banque à l’époque. Vraiment rien à voir…  :D Allez savoir… Peut-être le besoin de m’évader d’un environnement cloisonné et coercitif tout à fait détestable. Je me rends le soir même dans un magasin de musique à Lyon, au pied des pentes de la Croix-Rousse. J’y vais quand même à reculons, avec la peur que le vendeur se moque de moi et me demande ce que je viens foutre là. C’est curieux quand même cette crainte que j’ai eue d’être prise en flagrant délit d’imposture par un type qui ne me connaissait pas. Le vendeur me conseille une guitare Cort, toute simple et abordable, la housse, l’accordeur et le médiator qui vont avec.
Je rentre chez moi heureuse d’avoir « osé » franchir le pas, j’ai l’impression de faire désormais partie d’un monde que je m’étais toujours refusé, je suis repassée du côté obscur de la force.

Je n’ai pas les moyens à ce moment-là de me payer des cours. Mais on est en 2012 :D, je farfouille sur internet à la recherche de méthodes en ligne. Et je tombe sur la chaîne Youtube de La Grive Musicienne. Je commence à apprendre avec ses vidéos, j’y passe plusieurs heures. Et là, nouveau drame… Avec la position du guitariste, ma double tendinite à l’épaule droite (chronique à l’époque) se réveille, bien douloureuse. Comme on m’a toujours certifié que c’était dans ma tête, je n’ai pas de solution. Quelques tentatives encore avant de me rendre à l’évidence. Ma déception est à la hauteur de mon enthousiasme initial, même si je finirai par me persuader que la prise en main de l’instrument ne me plaisait pas.
Je ne me résous tout de même pas à revendre ma guitare, elle restera 7 ans dans un coin de mon appartement, bien rangée dans sa housse.

Je me dis que jouer de la musique n’est décidément pas fait pour moi. Je renonce, certaine désormais d'être nulle dans ce domaine, zéro, rien du tout.

Les années défilent encore. Jusqu’en avril 2018. C’était un jour d’errance Youtubesque, comme beaucoup en connaissent. Je clique sur ça, et puis ici, « tiens, je ne connais pas cet artiste… » Et j’arrive sur le clip « Sublime et silence » de Julien Doré. Pas spécialement fan de lui, je le regarde tout de même courir sur la plage avec des poneys… Pourquoi pas…

Le titre me plaît, alors je vérifie si un concert est prévu prochainement dans la région pour en découvrir plus en live. Le hasard fait bien les choses, il est en pleine tournée acoustique, et à Lyon quelques jours plus tard. Je trouve une place en dernière minute, bien située, face scène, milieu de rang. Pour chanter son tube Coco câline, Julien Doré attrape un de ses ukulélés, « petite guitare » dont j’avais vaguement entendu parler, et vient jouer au milieu du public à environ 1m50 de moi.
Je reste scotchée. Pas par Julien Doré (même s’il est drôlement sexy de près, le bougre !) mais par l’instrument. C’est une évidence soudaine, une révélation.

Conquise par les sonorités, je vois bien aussi que rien ne m’empêchera d’apprendre le ukulélé, et surtout pas mon épaule qui a d’ailleurs bénéficié entre-temps des bons soins prodigués par des vrais pros. L’envie est irrépressible, j’effectue quelques recherches internet le week-end suivant pour acheter sur Amazon (pas bien ça) un Eagletone Coconut C10, format concert. Mais je n’en parle à personne et me contente de jouer en aparté avec mon chat pour seul public, en glanant ici et là des tutos sur internet. Ceux de La Grive Musicienne s’imposent évidemment, mais je ne me décide pas à le contacter pour prendre des cours.
Les vieux fantômes ne crient plus, mais sans être assourdissants, ils reviennent murmurer avec une assiduité qui réussit à rompre la mienne.

Le ukulélé restera quelques temps dans sa housse, mais seulement quelques mois. Je le ressors en janvier 2019 pour constater avec plaisir que les premiers accords, notions et débuts de morceaux n’ont pas déserté ma mémoire. J’achète un uké soprano, Ohana Pk-25G, une acquisition comme pour marquer un nouveau départ (c’est curieux cette tendance du besoin de nouveauté pour relancer la machine, mais ça doit être humain, enfin je crois.)
Pour tenter de chasser les dernières ombres persistantes et ne plus les entendre, je rejoins le L’UkeDunum et je suis les conseils reçus via le forum en contactant enfin La Grive Musicienne. Ces deux cadres indispensables dans mon cas me permettent de progresser à mon rythme.

Plus de 4 ans sont passés, le ukulélé ne m’a plus jamais quitté, l’enthousiasme initial est resté identique, surtout grâce aux cours, malgré les hauts et les bas.
C’est parfois un peu le bordel, comme en ce moment dans mes tablatures :green:.
Mais quand ça commence à marmonner dans la brume >:(, je t’expédie tout ça d’un bon coup de strum bien senti…

Nan, mais oh ! :D


Kukuyélé:
Super Marianne, belle histoire, j'espère venir à un rassemblement de L’UkeDunum un de ces 4, peut être nous y croiserons nous :)

Marianne:

Et nous serons ravis de t'accueillir dans ce collectif bien sympathique !
En plus de strummer et chanter, on mange et on boit bien ☺️, avec modération bien entendu.

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