@ Benkalele - Spirit Bird
Merveilleux !!... J'en ai les larmes au yeux chaque fois que je l'écoute.
Là, fenêtres ouvertes sur la petite rue de mon village (où il n'y a miraculeusement aucun bruit) je laisse échapper ce chant sublime qui tourne en boucle et s'élève vers la montagne avec les oiseaux en arrière fond... Ta voix grave et rocailleuse le rend avec une telle justesse, une telle tristesse ! Et ça me touche infiniment parce que je viens d'une famille pauvre de montagnards qui ont toujours dû se battre pour survivre en pratiquant une politique d'économie drastique des ressources, vivant en quasi-autarcie avec des hivers de cinq mois pendant lesquels il fallait aussi faire vivre ses bêtes. Je le sais parce que tous les étés j'allais aider ma famille aux champs, où on faisait tout à la main. Chaque brassée de foin ou de regain comptait. Chaque pomme de terre oubliée dans le sillon. Chaque pierre des murettes, montées à dos d'homme pour gagner un bout de plat pour les petits champs de seigle... Et aujourd'hui plus personne ne semble se rendre compte que notre prospérité n'est qu'une illusion, et que le jour où l'air, la terre et l'eau seront foutus, irrémédiablement pollués ou bétonnés, on le sera aussi. Parce qu'il n'y a plus non plus d'Eldorado à aller piquer aux Mohicans ou aux Papous quand on crèvera de faim. Et que plus personne ne saura plus "comment on faisait avant".
Ma mémé avait un faciès de femme des Andes. Elle était burinée, petite, robuste, et savait tout faire : cultiver son jardin et ses champs, cultiver le chanvre pour en faire du drap, tondre un mouton, laver, teindre et carder la laine, la filer (je l'ai tant vu faire !), la tisser, coudre les vêtements et costumes traditionnels. Élever des chèvres, de vaches, des abeilles. Faire son propre savon, sa lessive. On allait aux petits fruits, aux herbes sauvages, aux champignons, aux noix et noisettes. On ne laissait rien perdre, et on s'assurait de ne pas abimer les sites pour que tout cela puisse repousser l'année suivante. Dans notre monde hyper-connecté, où une information pléthorique circule plus que jamais, nous sommes devenus amnésiques et ignorants de l'essentiel.
Oh mais bonjour le moral, lol. Je vais aller respirer la mousse des sous-bois et faire un tour dans notre belle forêt... pendant qu'elle est encore là, mdr
Désolée pour ce blabla, les copains. Mais il fallait que ça sorte avec ce cri primal yo, yo, yo, yo !....