Bonjour à tous,
J'ai un peu du mal à suivre ce fil, j'ai l'impression qu'on y parle de plusieurs choses différentes : la vente et les magasins, l'enseignement de la musique dans le cadre de l'éducation nationale et un peu dans les conservatoires, la place de la Culture en France...
Je ne suis pas sur que toutes ces entrées soient forcement reliées entre elle, en tous les cas pour l'aspect vente que je séparerais volontiers des 2 autres qui elles sont totalement reliées.
En ce qui concerne les boutiques et les magasins, personnellement, je déplore par exemple que les librairies musicales n'aient pas pris le virage du numérique. Moi je suis passé à la tablette, pour des raisons de transport. Avant pour aller au boulot je prenais un gros sac à dos, une valise et un autre petit sac pour transporter toutes les partitions dont j'avais besoin dans ma journée de cours au conservatoire. Evidemment, j'en avais ras le bol... je suis donc passer à l'iPad et vraiment ça me change la vie. Maintenant, donc pour acheter mes partitions, ben je ne passe plus par les librairies musicales qui ne proposent pas la vente dématérialisée des partitions comme certains éditeurs se mettent à le faire, et en plus la musique que je pratique est souvent trouvable gratuitement en ligne car dans le domaine publique... Donc entre acheter une sonate de Beethoven en boutique à 20 euros la partition ou la trouver gratuitement sur imslp pour la mettre dans ma tablette le choix est vite vu...
En tous les cas, le domaine culturel n'est en rien responsable des choix marketing ou de l'offre proposée par les magasins qui sont des commerces comme les autres.
D'autre part, en ce qui concerne l'enseignement de la musique j'ai un peu du mal à comprendre ce que tu évoques Woody. Alors c'est clair que je suis partie prenante dans le débat, mais personnellement je trouve qu'il n'y a jamais eu autant de moyen actuellement que de s'initier à la musique et souvent gracieusement ou alors pour une somme assez modique. En ce qui concerne le panorama de l'enseignement musicale en France il faut distinguer 2 choses :
- L'education artistique et culturelle (on dit l'EAC dans le jargon...) qui est assurée par l'éducation nationale et qui concerne quasiment toute la scolarité, en tous les cas de la maternelle à la fin du collège mais parfois aussi au lycée. Il y a certes le cours de musique d'une heure par semaine au collège, mais pas uniquement. Pour les niveaux maternelles et primaires, il y a des conventions entre les écoles et les conservatoires qui existent et des enseignants des conservatoire interviennent régulièrement ou ponctuellement dans les écoles pour proposer de l'initiation ou parfois même des projets de grandes envergures ! Je connais beaucoup de musiciens intervenants, ce sont des collègues et amis, et ils sont particulièrement dévoués et créatifs pour permettre aux élèves de toucher et découvrir la musique. Au collège, en plus de la discipline musique, il est très fréquent de voir des cursus musique proposés dans les établissement en collaboration avec les conservatoires. Des dispositifs tel que les classes CHAM (classe à horaires aménagés musique) ou d'orchestre à l'école sont régulièrement proposés aux élèves qui peuvent bénéficier pendant 4 ans d'une pratique musicale individuelle et orchestrale gratuite, de qualité, dispensé par des artistes/enseignants diplômés. Je trouve que c'est quand même pas mal en matière de démocratisation culturelle pour ma part ...
- D'autre part il y a les conservatoires, qui eux sont en charge de l'enseignement artistique spécialisé. S'inscrire au conservatoire se fait sur la base du volontariat et l'élève s'engage à avoir une pratique musicale régulière en respectant les propositions pédagogiques de l'établissement (chaque conservatoire est libre de proposer ses propres cursus et dispositifs...certains sont restés dans une vision très traditionnelle de l'enseignement musicale héritée de la création du Conservatoire de Paris à la fin du XIXe qui avait pour vocation de former des musiciens excellent lecteur pour pouvoir jouer dans les orchestres, d'autres sont aujourd'hui très axés sur des méthodes nouvelles, favorisant la transversalité, l'épanouissement personnel, voir même le lien social.) Ce qu'il faut savoir sur les conservatoires c'est que sont des établissements publiques, dépendant des collectivités territoriales (mairie, EPCI, métropole, communauté d'aglo ou urbaine...etc) . Moi je suis professeur de piano au conservatoire, je suis donc un fonctionnaire, un agent de la mairie en terme de statut.
La qualité de l'offre culturel en terme d'enseignement artistique dépend donc de choix politique, et donc a priori c'est nous citoyens qui les choisissons en tant qu'électeur... Tous les conservatoires que je connais par exemple disposent d'une harmonie, accessible aux élèves du conservatoire évidemment, mais aussi aux amateurs qui souhaitent venir y jouer sans être élève au conservatoire. On pourrait dire la même chose des chorales (peut être pas pour les orchestres symphoniques c'est vrai).
Pour s'inscrire dans un conservatoire il faut effectivement s'acquitter d'un droit d'inscription, qui est fixé par la collectivité territoriale (grande variété des tarifs sur le territoire donc) mais en général c'est le quotient familiale qui permet de fixer des tranches de tarifs. Dans mon établissement, j'ai des élèves qui bénéficient d'un cours de piano par semaine, d'une pratique collective par semaine, d'un cours de formation musicale par semaine, pour moins de 50€ par an... Pas mal quand même non ? Alors évidemment à ce prix la, auquel ils ont le droit, on attend d'eux qu'ils aient également des devoirs... Etant donné que c'est l'argent publique qui finance la formation de ces élèves, si ils ne jouent pas le jeu et ne font pas leur devoir, alors oui ils n'auront plus accès à l'établissement...
Je ne veux pas dire par mon message que la France est la championne du monde en terme d'offre culturelle. Il y a des couacs évidemment (vous savez tous que la fonction publique, surtout en ce qui concerne la culture n'est pas en odeur de sainteté en ce moment !), les moyens et dotations ne font que baisser depuis plusieurs années... Je propose donc que chacun réfléchisse bien et aille voter en prenant en compte cela, car effectivement l'avenir n'est pas rose, surtout en ce moment avec la crise sanitaire que nous traversons et dans le milieu nous savons tous deja que c'est le secteur culturel qui est toujours sacrifié en premier pour faire des économies qui va en pâtir. Mais les acteurs de ce secteur sont toujours la, ils travaillent d'arrache pieds, sont totalement dévoués à leur profession et à leur mission choisi le plus souvent par passion, et ils ont aussi besoin de reconnaissance et de soutien.