Aucun de mes ukulélés n'est(ait) amplifié d'une part parce que je n'ai jamais eu besoin de le faire et d'autre part parce que je n'aime pas les systèmes d'amplification embarqués dans les ukulélés commerciaux ou plutôt, je n'aime pas l'idée de défoncer un ukulélé pour poser une boîte en plastique, une batterie, des câbles, un piézo et plusieurs commandes plus ou moins fiables.
Le 5 mai prochain, j'organise un événement au cours duquel je devrai jouer amplifié et j'ai donc cherché une solution abordable avec un résultat décent.
En général, il faut être conscient que le meilleur résultat qualitatif s'obtient avec un micro (dynamique ou à condensateur) qui nécessite cependant une série de conditions «environnementales» essentielles. Cela s'applique certainement lors de l'enregistrement (un microphone "décent" capte certainement le son d’un instrument mieux que n'importe quel pickup). Ensuite, en fonction de la technique et de la capacité des personnes au mixage, le microphone peut s'avérer être une solution qualitative mais soumise à une série de variables, techniques et pratiques qui peuvent la rendre très "délicate".
Ensuite il existe des petits micros (DPA etc.), montés sur un support qui peut être fixé à l'instrument pour une captation de proximité et ils permettent de bouger avec une certaine liberté car le micro est fixé à l'instrument même. Ce sont généralement des micros de haute qualité mais d’un coût élevé.
Il y a aussi les pickups à installer sous le chevalet. On en trouve pour tous les budgets (le coût de ces transducteurs peut facilement dépasser le coût du ukulélé lui-même) et nécessite d’une installation avisée. Je trouve leur captation souvent trop "directe", certes très propre mais cela, me semble-t-il, ne prend pas en compte les vibrations de la table. Un son un peu artificiel à mon goût.
Puis, il y a les «pastilles» piézoélectriques qui peuvent être appliqués/collés rapidement et de manière réversible, même directement à l'extérieur de l'instrument. Ces transducteurs peuvent également être montés de manière permanente à l'intérieur de l'instrument lui-même.
Comment marchent-ils? Il s'agit essentiellement d'une fine feuille de métal à coller sur l'instrument (généralement sur la table) qui capte les vibrations et les transforme en signal électrique. C'est un système très essentiel, qui fonctionne mais qui a aussi des limites qualitatives (généralement le son se développe beaucoup sur les médiums/aigus) et aussi pratiques (il peut être très sensible aux manipulations de l'instrument et parfois même du câble piézo. Dans ce cas également, il existe une gamme importante de solutions et de prix sur le marché.
J'ai alors fait quelques recherches sur Internet et j'ai trouvé un musicien allemand (Jan Haasler)
www.youtube.com/watch?app=desktop&v=8DwKnrRffVc qui passait en revue certaines de ses sopranos dans lesquels il avait installé des piézo qui ne mettaient pourtant pas du tout en évidence les problèmes typiques de ce système. Le son était naturel, d’une bonne complexité, sans aucun bruit de frottement... et lui, bon ukuléiste et guitariste, en fait une démonstration convaincante.
Il s'agit du Uke-Up de Tom Ziegenspeck. Le jeune Tom est également un bon luthier et fabrique à la main de magnifiques ukulélés. Sur son site Internet, vous pouvez lire que ses piézos sont fabriqués manuellement, dans son atelier. Le prix (une soixantaine d'euros) est supérieur de ce que l'on trouve actuellement sur différents sites chinois ou sur Amazon où l'on démarre à partir de seulement 2 euros...
J'ai contacté Tom Ziegenspeck et j'ai ainsi connu un jeune luthier passionné qui s'est tout de suite montré très sympathique et serviable. En 5 jours je l'ai reçu chez moi dans un paquet qui comprend, outre le piezo lui-même, une notice, un tube de colle gel à prise rapide et un foret de bonne qualité et du diamètre approprié. Sur son site Internet, vous pouvez également voir un tutoriel très explicatif qui montre l'installation étape par étape.
En attendant de le recevoir, j'ai acheté en ligne un piezo cheap mais pas trop (7 euros) pour faire quelques tests.
Un autre chapitre souvent sous-estimé voire ignoré concerne le traitement du signal produit par ces pastilles piézo. Ils sont généralement «passifs», c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de piles pour les alimenter. Cela signifie que si l'on entre directement dans un ampli (à moin qu'il ne s'agisse d'un ampli "électroacoustique", donc avec un canal dédié au pick-up pour instruments acoustiques), le résultat pourrait être très décevant. Cela pour plusieurs raisons: le signal d'un piézo passif, très faible et très "essentiel", sera difficile à utiliser de manière satisfaisante. Un ampli "normal" aura beaucoup de mal à amplifier suffisamment ce signal mais aussi à le "sculpter" avec une certaine efficacité. Si vous souhaitez que le signal collecté par ces pastilles soit quantitativement et qualitativement utilisable, il faudrait le faire passer par un préamplificateur dédié.
Les préamplificateurs ont principalement deux fonctions: amplifier le signal (ajuster sa «force» et son impédance) et intervenir efficacement sur les fréquences (hautes/médiums/basses) avant de les confier à un haut-parleur. On peut également retrouver d'autres fonctions utiles (antifeedback, booster, pad, ground lift, D.I., inversion de phase...). Les prix de ces préamplis varient de 30 à plus de 300 euros pour les modèles les plus renommés et riches en fonctionnalités. Cependant, sur le marché de l'occasion, on peut faire de bonnes affaires avec des modèles peut-être un peu datés mais professionnels.
Moi, j’ai dépoussiéré mon glorieux et indestructible Fishman Pre EQ II qui fait toujours très bien son travail.
Aujourd'hui, par courrier, j'ai reçu le Uke-Up et j'ai tout de suite pu constater visuellement la différence de construction et de matériaux par rapport au modèle chinois. Avant de le monter définitivement dans mon soprano, j'ai souhaité faire un test comparatif entre les deux modèles.
Le son du piézo chinois, avec ou sans préamplification, était extrêmement sec, peu modulable, vraiment peu naturel (à noter que il faut faire des tentatives de positionnement qui peuvent donner des résultats sonors très différents). En passant par le préampli, le signal augmentait en intensité mais le son restait toujours décevant. Il était également très sensible aux bruits mécaniques, à tel point que c'était gênant.
Au contraire, le Uke-Up, même sans préamplification, sonnait immédiatement beaucoup plus naturel, avec un excellent rapport signal/bruit, et peu sensible au toucher. Tout s'est encore amélioré après le passage au préampli.
Je suis donc passé à la pose finale dans l'instrument (qui demande un minimum d'attention et de savoir-faire). J'ai collé la pastille avec l'adhésif double face 3M déjà présent et sans recourir à la colle.
Je considère le résultat qui sort de mon ampli comme très bon, utilisable en pratique et ne me fait pas regretter d'avoir dépensé un peu moins de 60 euros.
La configuration correspond à ce que je recherchais : ukulélé/micro/préampli/ampli. Le résultat n'est pas au niveau microphonique et inférieur (mais seulement légèrement il me semble) à un micro actif à installer sous le chevalet. Le son est très naturel et surtout il n'a pas, je trouve, les caractéristiques négatives d'un piezo.
Si quelqu'un veut des info ou s'il veut faire des observations, il est le bienvenu 😉
Mise à jour:entre temps, j'ai acheté un ampli Schertler Giulia première génération et je donne mon avis ici:
https://ukulele-forum.fr/index.php?topic=17092.msg292840#msg292840