Bon, je savais bien qu'il ne fallait pas se lancer là-dedans, tant pis pour moi.
Disons que j'ai tendance à considérer les sphynx de Persepolis, une statue de Marc Aurèle ou la Vierge
en majesté de Cimabue comme des oeuvres d'art. Elles sont pourtant fort peu révolutionnaires et moins
encore contestataires, particulièrement aux temps où elles furent créées.
De même, j'aime beaucoup les musiques des vallées de l'Ituri. Je ne sais pourtant rien (mais rien) des
populations qui les ont créées. De même, je ne sais rien des gens qui ont orné la grotte Chauvet. Je ne
sais pas ce que ces peintures signifiaient pour eux ni pourquoi ils les ont peintes. Mais je les aime.
Lorsque j'ai lu pour la première fois Pessoa, il m'a bouleversé. Je ne savais absolument rien de lui, ni où
il vivait, ni quand, ni rien.
Enfin, je trouve que visiter un musée (disons, certains musées), est une expérience enrichissante. On y
trouve un tas d'oeuvres d'art totalement sorties de leur contexte, social, culturel, historique. Dans un musée
américain, c'est encore plus probant : un portrait du quattrocento côtoie une toile impressionniste ou une
estampe japonaise. Pour moi, elles n'en restent pas moins des oeuvres d'art.
Mais ce ne sont là, bien-sûr, qu'opinions personnelles. On peut parfaitement considérer, comme le discours
dominant le martèle, que l'art ne saurait être que "révolutionnaire", "subversif", "dérangeant" et autres
niaiseries marketing. On notera à ce propos que les régimes dits révolutionnaires produisent fort peu d'oeuvres
d'art. Enfin, de mon point de vue.