C’est un marronnier qu’on nous ressort régulièrement, comme « Shakespeare n’existe pas », « Molière n’a rien écrit »,
« John Wayne était végétarien (en sus d'être un agent russe) », etc.
Là, le sujet c’est : « les disques de Robert Johnson ont été accélérés de 20 % ». Soit par erreur (enregistrés trop lentement
puis repassés à 78t), soit volontairement, pour les rendre plus « punchy ». En réalité, il jouait moins vite, sa voix était plus
basse et toutes les tonalités sont fausses. Y a régulièrement un malin qui ressort ça comme la révélation du siècle.
En ce moment, ça bourgeonne sur le net. A l’origine, semble-t-il, un papier sur un blog du Guardian datant de… 2010 ( !)
qui annonçait des « révélations » sur le sujet :
http://www.theguardian.com/music/musicblog/2010/may/27/robert-johnson-bluesDu coup, fleurissent des enregistrements « remis à la bonne vitesse » (donc 20 % plus lents). Disons-le franchement :
ils sont vachement bons. La voix de Robert Johnson, très différente, est très bonne.
L’un des plus surprenants est, à mon avis, « Red Hot » :
Excellent, isn’it ?
Ici, un gars en est tout bouleversifié et poste un tas de vidéos ralenties, très intéressantes :
http://www.truthsayer.info/king-delta-blues-wrong-speed/Mais y a pas de quoi s’emballer. Robert Johnson a enregistré ses titres en deux sessions espacées de plus de
six mois. Il est très hautement improbable que la même erreur (ou embrouille) ait été commise sur
49 42 titres
enregistrés sur 5 jours à six mois de distance. C’est même carrément peu possible.
Le meilleur papier que j’ai trouvé pour remettre les choses à leur place :
http://www.elijahwald.com/johnsonspeed.htmlReste que, c’est marrant quand même.
Un dernier pour la route, « 32-20 » :
t=15
Vraiment pas mal, non ?