On est loin de l'ukulele, mais je ne peux pas résister à citer un bref passage des Ritals. Je trouve que toute la truculence du bonhomme est résumée dans cet extrait formidable, et si j'avais été instit' je crois que c'est le genre de texte que j'aurais soumis aux élèves comme dictée :
"en ce temps-là, papa était le porte-drapeau de la "Lyre garibaldienne nogentaise". A ce titre, c'était à lui qu'était confiée la garde du drapeau. C'était un grand honneur, je le sentais bien. J'aimais ce vert-blanc-rouge. C'est presque le bleu-blanc-rouge sacré, mais brouillé par ce vert incongru, pimpant, pas sérieux, métèque, perroquet, caricature de tricolore pour peuples n'ayant pas le sens de l'implacable. Le bleu-blanc-rouge est sauvage et rigide, couleur de caserne, couleur d'adjudant; couleur de tuerie grandiose et disciplinée. Mets du vert au lieu du bleu, aussitôt ça sent le parmesan et l'huile d'olive. Faut vraiment pas grand-chose. Du vert, c'est presque du bleu, c'est du bleu avec un petit peu de jaune dedans, et paf, ça fout tout par terre. Les gens devraient y penser, quand ils inventent les drapeaux. Pas de vert, pas de jaune, pas de violet. Les Allemands sont les plus terribles : du noir, du rouge, du blanc. Un vrai bonheur de se faire tuer pour ça, au garde à vous, raide comme un piquet. Mais tu te vois courant au devant des mitrailleuses en brandissant un drapeau brésilien, ce machin rond vert pomme sur fond jaune?