Bonsoir cher.e.s ukulelistes,
Habituellement je joue du ukulélé à cette heure-ci. Ce soir je décide de geeker un peu. Je souhaiterais vous faire un retour sur ma dernière restauration : un Kamaka Gold Label reçu le 18/05/2024. Directement importé d’Hawaii, je l’ai acheté à son premier propriétaire qui suivait des cours collectifs de ukulélé dans les années 60.
Fan de Martin, je me demande pourquoi je ne suis pas venu à Kamaka avant. Cette année j’ai eu dans les mains un certain HF-1 standard très neuf et très récent (encore sous garantie). Comparé à l’instrument vintage que je viens de terminer il y a tout de même de grosses voire d’énormes différences.
Parlons dates Gold Label = 1950 à 1970.
Parlons bois = la table est en koa et pour le reste de l’instrument, je doute fortement, même si tout le monde s’accorde à dire qu’il s’agit de koa. J’ai contacté Kamaka, j’attends leur réponse.
Parlons lutherie et là ça devient croustillant ! Alors que le HF1 standard s’est standardisé 😉 (rien de péjoratif), sa lutherie semble s’être « industrialisée » pour arriver tout de même à une perle de son et d’esthétisme, le Gold Label est aux antipodes.
La sculpture du manche et notamment de la tête n’est pas symétrique. Le manche fait 36 mm au sillet (37mm pour un Martin des mêmes années) et 43 mm au joint 12eme frette et éclisses (Martin soprano Style 0 = 47 mm à la 12eme frette).
Le sillet de tête en bois (koa ?) est énorme mais fonctionne parfaitement.
Pas de touche, les frettes en cuivre sont posées sur le manche avec 3 repères 5, 7 et 10.
L’enclavement du manche est le même (les cales en moins) qu’une guitare espagnole rien à voir avec la queue d’aronde de Martin.
Les éclisses et le fond (j’attends de vous dire pour le type de bois) font plus 2 mm d’épaisseur et là c’est très impressionnant ! Les contre-éclisses ne sont pas sciées comme on le voit souvent mais sont pleines et ployées à la forme de l’éclisse. L’intérieur de l’instrument est brut avec les traces d’outils scies, ciseaux, canifs, etc…
La table d’harmonie est hallucinante de finesse et de légèreté. Elle est arrivée cassée et ce n’est pas étonnant !
Le chevalet est arrivé en piteux état. Il avait de nombreux trous comme mordillé par un chien ? Encore une fois, la lutherie de ce chevalet est étonnante de simplicité : il n’a pas de sillet juste les passages de cordes et sa hauteur suffit aux réglages.
A l’intérieur, il n’y a pas de tasseau côté manche, les éclisses rentrent directement dedans. Le tasseau opposé est plutôt petit. Le fond très épais compte un seul barrage en épicéa (un résineux en tout cas). Il y a 2 barrages (résineux) au-dessus et sous l’ouïe. Il y a un renfort assez étroit sous le chevalet en koa (fil opposé à celui de la table).
Il est entièrement d’origine y compris l’étui. Seuls les boutons des mécaniques ont été changés car le plastique des originaux est devenu trop friable et fragile.
Au final, ce ukulélé à la lutherie très rêche et empirique fonctionne plus que bien et ce, malgré les années. Les réglages rudimentaires (les sillets et l’absence de touche) me donnent à réfléchir et me questionnent. Pourquoi avoir complexifié (et l’avoir standardisé dans sa complexité) le ukulele ? Avec ce Gold Label Kamaka selon moi voyait leurs ukuleles comme des tambourins : une caisse très rigide et une table fine comme une peau. Ça rappelle le travail de l’australien Greg Smallman avec ses guitares classiques atypiques.
Allez quelques photos ! Désolé pour le déversement d’infos 😅 je laisse les cordes tirées avant de faire une vidéo 🤘🤘🤘