Bonsoir « les ukulélistes récidivistes »

(ukulélistes n’étant pas genré ce terme convient aux filles comme aux garçons

) ! Savez-vous à qui j’emprunte cet élément de langage ?
Je vous en dis un peu plus sur le petit vieux. Je vais essayer de retrouver des images du travail en cours mis je suis pas sûr d’en avoir, je suis un peu allergique au numérique et superstitieux. J’ai l’impression que prendre des photos me porterait la guigne dans le processus de restauration. Et il y a le temps aussi j’ai dû commencer le travail il y a environ un an. En fait j’avance plusieurs projets à la fois. J’en ai encore 5 ou 6 sur le feu… dont un Martin style 0 des années 50, un Sammo en koa, un vieille espagnol début 1900, un français années 50 et deux ukes cigarbox électriques à régler. Je suis aussi sur le point de finir un Kamaka soprano étiquette dorée. Cette activité n’étant pas ma profession je m’octroie le privilège de prendre mon temps.

Revenons à nos moutons, ce vieux Martin est loin d’être neuf. Une chose est sûre toutes les pièces sont d’origine. En effet, les chevilles font partie du lot et elles fonctionnent vraiment pas mal. La cheville qui tient la corde de A grince un peu comme un pont de bateau mais je ne souhaite pas ajouter de paraffine ou du savon de peur qu’elle accroche moins et que la mise à l’accord soit moins fonctionnelle.
Lorsque j’ai récupéré l’instrument importé des USA en 2020, il avait été réparé à la superglue comme beaucoup d’instruments que je récupère. Mon premier travail c’est de la retirer. Ensuite, je nivelle les fractures. D’habitude, pour le renfort des fractures j’utilise des taquets en acajou en croisant le fil du bois mais là, j’ai utilisé du tissu (coton) enduit de colle pour faire un « poor man fiber glass » une fibre de verre du pauvre. Cela rappelle aussi les renforts des côtes ce certains instruments médiévaux type luth.
Cet instrument était vraisemblablement utilisé par un gaucher et qui plus est, en sol grave. Le chevalet a donc été modifié (élargi au niveau de la corde de A et je n’y ai pas touché) j’ai donc pensé à GG et à ses perles pour bloquer ses cordes de chevalet traversant. La corde de A a donc une perle pour la bloquer. Cela fonctionne très bien.
Que dire d’autre ? J’ai retravaillé le sillet avec de la poudre d’ébène pour combler ce qui avait été retiré. Le manche a très peu bougé malgré les années et les renversements d’accords sur les dernières frettes (bas du manche) passent bien.
Niveau finitions, j’utilise plusieurs produits en m’inspirant du vernis au tampon. J’utilise une couche de tru-oil mélangée à un fondur. Je saupoudre de blanc de Meudon pour abraser légèrement et réactiver l’ancien vernis. Je lubrifie très légèrement à l’huile de citron car le fondur tend à accrocher. Ce processus bouche quelques pores. Je termine ensuite par 2 couches de tru-oil et un léger lustrage à l’huile de citron et blanc de Meudon puis 3 jours de séchage. Tout ça est un compromis pour contrôler le niveau de finition de ces vieux ukulélés au niveau du rendu mais surtout au niveau de l’épaisseur. Je pense que ce ukulélé doit peser moins de 300 grammes une fois terminé cordes montées.
Voilou je crois que j’ai tout dit. Merci à vous d’avoir pris le temps de lire et n’hésitez pas si vous souhaitez d’autres infos

bon week-end à tous.
PS : ce ukulélé a un corde de C qui sonne du feu de dieu ! Les 3 autres aussi mais je dirais qu’il a des médiums très présents
